Minoritaire mais pas marginale : la surconsommation de substances en vente libre ou sur ordonnance par les séniors entraîne un vrai danger d’addiction. Un phénomène en augmentation, qui ne trouve pour l’instant que peu d’écho auprès des professionnels de la santé.
Un impact physiologique démultiplié par l’âge
Comment l’addiction se caractérise-t-elle ? Par l’impossibilité pour le sujet de contrôler un comportement récurrent alors même qu’il est pleinement conscient des répercussions néfastes que celui-ci entraîne sur sa santé et son bien-être. Qu’il s’agisse de substances médicamenteuses délivrées sur ordonnance (antidépresseurs, myorelaxants, anxiolytiques), de produits en vente libre (tabac, alcool) ou même de jeu, l’impact physiologique de la dépendance est proportionnel à l’âge du sujet. Par ailleurs la consommation simultanée d’alcool et de médicaments pose un réel problème d’interactions préjudiciables des substances. Cela concerne notamment la classe des psychotropes (somnifères, sédatifs) au contact desquels l’alcool peut sévèrement endommager le métabolisme du foie.
Chutes, pertes de mémoire, irritabilité : des risques à mettre au compte de l’addiction
Tout comme avec l’exemple de l’alcool, les autres substances médicamenteuses peuvent entraîner, lorsqu’elles sont consommées à l’excès, des risques tels que des chutes fréquentes, une perte de poids anormale, de l’agitation et une aggravation de l’affaiblissement des fonctions intellectuelles liées à l’âge. En outre, une étude récente démontre qu’une prescription prolongée, associée à une consommation régulière d’anxiolytiques et de somnifères favoriseraient le déclenchement précoce de la maladie d’Alzheimer. Un résultat qui pourrait sensibiliser les médecins à ce phénomène et les pousser à alléger leurs ordonnances ou à revoir le maintien dans le temps de certains traitements.
L’addictologie des séniors : une absence quasi-totale de prise en charge spécialisée
Alors que, selon le Ministère de la santé, les comportements addictifs sont responsables d’environ 30% des décès prématurés en France, le phénomène de l’addiction des séniors est encore relativement méconnu. On estimait en 2000 que le nombre de personnes âgées de plus de 50 ans et souffrant d’une addiction doublerait d’ici à 2020 et cela semble être en passe de se réaliser. Pourtant, il n’existe à ce jour qu’un nombre infime de centres spécialisés dans l’addictologie des séniors. Que faire ? En cas de dépendance à l’alcool, le premier interlocuteur à solliciter est le médecin traitant qui pourra alors orienter le patient vers une consultation en addictologie. Même chose pour le tabac et les médicaments : une consultation extérieure pourra déterminer la marche à suivre vers la guérison. Il est néanmoins important que les auxiliaires de vie et le personnel soignant soient à l’affût des signes induisant un comportement d’addiction (chutes fréquentes, pertes de mémoire à répétition) afin de venir en aide à des personnes qui, parfois, ont trop honte ou trop peur pour se déclarer d’elles même .
La dépendance n’est pas une fatalité, il est simplement important de la signaler afin de permettre une prise en charge rapide et de se prémunir ainsi des répercussions dommageables pour la santé.