Apprendre une langue étrangère est bon pour lutter contre Alzheimer

Une étude publiée récemment par des chercheurs de l’université de Pennsylvanie dans le Journal of Neurolinguistics confirme ce que d’autres études plus anciennes avaient déjà pressenti : apprendre et pratiquer une langue étrangère auraient une incidence favorable sur la santé du cerveau humain. Un impact tellement positif, qu’il pourrait même retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer.

Des cours de chinois pour mettre en évidence la neuroplasticité

Qu’entend-t-on par neuroplasticité ? Il s’agit de la capacité du cerveau à se modifier et à se réorganiser afin de traiter des informations nouvellement acquises. Le cerveau va jusqu’à créer de nouveaux réseaux neuronaux et à les interconnecter : à l’instar d’un muscle, il grossit et grandit par l’absorption d’énergie (en l’occurrence des connaissances nouvelles).

Comment les chercheurs ont-ils fait le lien entre neuroplasticité et apprentissage des langues ? En observant les progrès de 39 sujets d’études, anglophones de naissance et soumis à un apprentissage rudimentaire du chinois sur une période de six semaines. Avant et après chaque cours dispensé, des examens IRM ont été réalisés sur chacun des participants afin d’établir une cartographie neuronale de l’apprentissage. Résultat : le cerveau des étudiants les plus efficients s’est avéré avoir développé des réseaux neuronaux tout neufs. Par ailleurs, les réseaux neuronaux de ces étudiants étaient mieux interconnectés que ceux de leurs camarades présentant des difficultés d’apprentissage.

Les mécanismes de l’apprentissage et l’acquisition de connaissances nouvelles se traduisent donc par le développement de nouveaux réseaux neuronaux et par le renforcement des connexions établies entre ces neurones.

La mémoire, au centre de l’apprentissage des langues

Du point de vue cérébral, deux aires jouent un rôle prépondérant dans l’apprentissage d’une langue étrangère : l’aire de Wernicke, qui favorise l’apprentissage et l’aire de Broca qui permet l’expression orale de cet apprentissage.

La mémoire qui permet au cerveau d’assimiler l’apprentissage d’une nouvelle langue est qualifiée de mémoire sémantique. C’est elle qui constitue le répertoire lexical dans l’aire de Wernicke, répertoire qui permet au cerveau de reconnaître des mots même s’ils sont articulés avec un accent inhabituel ou si leur prononciation est inexacte. Le répertoire lexical situé dans l’aire de Wernicke peut être complété de nouveaux mots et ce, de manière illimitée, à condition d’être régulièrement sollicité et exploité.

Apprendre et pratiquer une langue étrangère afin de retarder la neuro-dégénérescence

Une étude canadienne de 2007 avait déjà révélé le lien entre la pratique d’une langue étrangère et le ralentissement de la dégénérescence cérébrale. L’étude avait suivi l’évolution de la maladie d’Alzheimer chez 148 patients d’une clinique de Toronto. Bien que située dans une province anglophone, la ville est réputée pour son bilinguisme avec plus de 10% d’habitants francophones. L’étude avait démontré que chez les patients ayant pratiqué deux langues couramment toute leur vie durant, la maladie avait mis quatre ans à se déclarer contre quelques mois chez les autres.

A la façon d’un cercle vertueux, plus l’être humain apprend et pratique une langue, plus il entretient sa santé cérébrale, retardant ainsi la maladie d’Alzheimer.