Les « super-seniors » repoussent les limites du vieillissement

Comment expliquer que parmi les octogénaires et les nonagénaires, certains maintiennent de bonnes capacités cérébrales lorsque d’autres développent des maladies neurodégénératives ? Une étude américaine s’est récemment penchée sur l’analyse du phénomène des « super-seniors », ces personnes âgées dont les capacités cognitives restent vives malgré le poids des années. La génétique, les conditions socio-économiques lors de l’enfance et un mode de vie actif en seraient les causes.

Les « super-seniors » : un phénomène démographique

En France, la tranche démographique des personnes âgées de plus de 80 ans est passée de 4,5% à 6% de la population en 10 ans : un constat qui fait écho au phénomène global du vieillissement de la population. Ce dernier pose des enjeux majeurs, tels que la maîtrise de la fécondité et l’allongement de la vie. Or vivre plus vieux ne rime pas forcément avec vivre mieux. Ainsi, de nos jours, 20 % des plus de 80 ans sont frappés par la maladie d’Alzheimer. Et pourtant nombreux sont les octogénaires et nonagénaires qui font mentir les statistiques en affichant une santé cérébrale surprenante : ce sont les « super-seniors »,  des personnes âgées de 80 ans et plus, en bonne santé et à l’esprit toujours vif.

Des capacités cognitives mieux préservées

Une étude parue dans le Journal of the American Medical Association (JAMA)  démontre que le cerveau de certains « super-seniors » vieillit plus lentement que celui d’autres personnes d’âge mûr. Pendant 18 mois des chercheurs ont mesuré l’activité cérébrale de 24 « super-seniors » et ont comparé les résultats obtenus à ceux observés sur un groupe de 12 autres sujets d’âge et de formation comparable. Deux conclusions édifiantes sont à retenir : le cortex cérébral des « super-seniors » tend à être légèrement plus épais que celui de la moyenne des personnes âgées. Et la perte de volume du cortex cérébral des « super-seniors » est deux fois moins rapide que chez les autres sujets. Rappelons que la dégénérescence mentale liée au vieillissement est notamment à l’origine des maladies d’Alzheimer et de Parkinson. De manière générale cette dégénérescence entraîne une détérioration totale ou partielle de certaines zones cérébrales jusqu’à ce que ces dernières ne puissent plus assurer leurs fonctions. Les conséquences en sont la perte de la mémoire, la perte de la capacité de se mouvoir, et la démence.

Plusieurs éléments de réponse

Alors comment expliquer l’extraordinaire conservation cognitive des « super-seniors » ? Selon les experts médicaux il existe plusieurs éléments de réponses. Le maintien tardif de ces capacités cérébrales serait en partie dû à la génétique mais également aux conditions socio-économiques dans lesquelles l’enfance s’est déroulée. Ainsi, les enfants ayant grandi dans un environnement marqué par la pauvreté tendent à développer un cerveau plus petit. Le stress, induit par la détresse et l’angoisse, est un facteur qui agit sur le développement du cerveau. Dernière explication avancée, celle du mode de vie des « super-seniors » : une activité physique régulière, un régime alimentaire sain et des exercices quotidiens stimulant le cerveau de même qu’une vie sociale riche contribueraient à maintenir le cortex cérébral en bon état pendant plus longtemps.