On peut littéralement parler d’un formidable coup de main donné par cette entreprise française de recyclage à l’ensemble des personnes atteintes d’agénésie (nées sans doigts). La société Canibal, basée à Gennevilliers (Hauts –de-Seine), a élaboré et développé une technologie inédite pour recycler les gobelets en plastique. Elle a dernièrement trouvé le moyen de rendre le produit de ce recyclage compatible avec la fabrication de prothèses de main. Explications :
Le gobelet en plastique, cet allié si encombrant
1000 milliards de déchets relatifs à la consommation de boisson dites « nomades » (à emporter avec soi) telles que les bouteilles, les cannettes et les gobelets en plastique sont jetés chaque année dans le monde. Selon la page d’accueil du site web de Canibal, 5% d’entre eux seulement seront recyclés. Le reste finira brûlé ou simplement jeté dans la nature.
Parmi ces déchets, les gobelets en plastique étaient jusque-là difficiles à transformer. Ces objets a priori anodins, alliés du quotidien, étaient réputés impossibles à recycler. La raison à cela ? Leur composition chimique élaborée à partir de polypropylène ou de polystyrène, qui les rendent compliqués à traiter. Et jusqu’à la prouesse technique réalisée par Canibal, ce sont pas moins de 30 000 tonnes de ces gobelets usagés qui s’amoncelaient sans valeur ajoutée.
Le recyclage des gobelets, une innovation Made in France
Après trois ans de recherches et de développements, Canibal a abouti à une solution totalement innovante, avec l’invention de machines à recycler les gobelets plastique. La technologie à l’origine de ces machines pionnières a été pensée, conçue et adaptée en collaboration avec l’école des Arts et Métiers Paris Tech. Elles sont fabriquées par un cluster d’entreprises hexagonales et assemblées à Dieppe (Seine-Maritime) par la succursale française de la société Toshiba. Elles collectent les déchets, les trient et transforment les gobelets plastiques en granulés appelés « caniplaque ». Une fois compactée, les « caniplaques » sont recyclées en autant de plaques de protection des murs et des sols, de mobiliers de bureau et de rebords de piscine.
Ces machines ont été essentiellement vendues à des multinationales. Cela ne surprendra guère dans la mesure où ces dernières mettent à disposition de leurs salariés pléthore de distributeurs automatiques et autres machines à cafés. C’est donc « à la source » que la machine à recycler les gobelets est placée, afin de récolter ces ustensiles d’usage unique dont le gaspillage est malheureusement fréquent.
Le recyclage au service de la performance médicale
Dans l’Hexagone ce sont 5 milliards de gobelets en plastique qui sont jetés chaque année. Et si Canibal avait trouvé la solution ultime pour non seulement traiter ces gobelets usagés, mais également en valoriser la matière obtenue à des fins médicales ?
En effet la société a réussi à affiner le résultat du recyclage des gobelets en filaments, dont la maniabilité et le format réduit en font une matière première idéale pour les imprimantes 3D. L’avantage d’utiliser les filaments de gobelets en plastique recyclés réside dans le fait qu’ils coûtent dix fois moins cher que les résines habituellement utilisées dans ce genre de fabrication.
Ce n’est qu’une question de jours avant que Canibal ne dévoile le tout premier prototype de sa prothèse de main entièrement confectionnée à partir de « caniplaque » l’éco-matériau issu du recyclage des gobelets en plastique. Deux à trois milles pièces auront été nécessaires pour fabriquer cette prothèse d’à peine 300 grammes. C’est une imprimante 3D qui a fabriqué l’objet, sur la base de plans fournis par l’association E-nable, dont la mission est de mettre en relation les personnes ayant besoin d’une prothèse de main et les personnes en mesure d’en fabriquer une.