Intervenir directement dans le cerveau sans porter atteinte aux circuits neuronaux dans l’objectif de restaurer des fonctions cognitives endommagées : tel est le résultat obtenu par le Graphene Flagship, le plus gros module européen de recherches scientifiques sur le graphène.
Un matériau miracle pour une prouesse médicale inédite
Abondamment qualifié de matériau miracle par certains médias, le graphène possède des caractéristiques insolites et inégalables qui en font un allié précieux pour de nombreux secteurs de l’industrie dont le photovoltaïque, la purification de l’eau et les semi-conducteurs. Il s’agit concrètement d’un nano matériau composé de carbone pur se présentant sous la forme d’un minuscule treillis alvéolaire qui, à l’œil humain, apparaît comme une feuille transparente ultrafine. Il est extrêmement solide et souple à la fois et c’est également un excellent conducteur électrique. En somme, des propriétés en totale adéquation avec la neurochirurgie de pointe et la recherche médicale sur les maladies neurodégénératives. La raison ? Bénéficiant d’une excellente conductivité il se révèle capable de se « connecter » aux neurones endommagés – telle une électrode – et de leur impulser via un ordinateur les stimuli électriques nécessaires pour restaurer leur fonction de transmetteurs vers les différents muscles. Et c’est à une équipe de scientifiques rassemblée sous la bannière du Graphene Flagship que revient la prouesse d’avoir réussi là ou bien d’autres avaient échoué : l’installation de graphène sur des neurones de cerveau de rat, sans que les tissus cérébraux ne soient endommagés.
Des précédents insatisfaisants
Des expériences similaires avaient déjà été tentées par le passé, sans qu’elles ne permettent d’obtenir des résultats aussi satisfaisants. L’une d’elle avait employé le graphène sous une forme modifiée. Traité avec un enrobé de peptides (des molécules sécrétées par les neurones) pour faciliter la prise sur le tissu cérébral, il n’avait que partiellement conduit le signal électrique. Par ailleurs des essais avaient été menés à l’aide de tungstène ou de silicium mais la rigidité de ces matériaux avaient vite conduit à une perte partielle, puis totale, du signal électrique. Il apparaît avec la tentative réussie des scientifiques du Graphene Flagship que seul le graphène pur permet une conductivité électrique optimale.
Un usage propice au traitement de plusieurs pathologies
Les désordres moteurs engendrés par la maladie de Parkinson ou bien encore par la paralysie et l’épilepsie auront-ils bientôt vocation à être contrôlés par ceux qui en souffrent ? La biocompatibilité du graphène en fait l’intermédiaire idéal entre le corps humain et les programmes informatiques spécifiques capables d’impulser des ondes électriques traduites en mouvements par le cerveau. Il pourrait même être utilisé de la même façon pour le bénéfice de personnes amputées qui contrôleraient ainsi un bras robotique ou qui pourraient « parler » par le truchement d’un ordinateur.
Il convient néanmoins de nuancer cet enthousiasme car le chemin est encore long pour les chercheurs. Ils doivent notamment déterminer à présent les effets biologiques des implants de graphène à long terme dans l’organisme.